Notre (beau) projet citoyen

Notre projet citoyen : divertir des enfants hospitalisés grâce aux jeux de la ludothèque

 

Critères

Bridget

Laureen

Expliciter son projet

Je me suis lancée dans ce projet car je suis touchée de près par le sujet. En effet, un ami de mon papa a appris il y a 4-5 ans que sa fille de 3 ans à l’époque était atteinte d’une leucémie qui ne se développe normalement que chez des adultes âgés de 40 ans.

De plus, ayant déjà travaillé dans l’enseignement spécialisé du type 3, j’étais très curieuse de découvrir l’univers et le fonctionnement du type 5. C’était donc une occasion d’approcher cet univers qui me touche tant.

J’ai décidé de me lancer dans ce projet avec Bridget car je suis moi aussi touchée de près par le sujet. Mon frère, Célian, a eu un AVC à l’âge de 11 ans et est maintenant hémiplégique. Il est d’ailleurs resté longtemps à l’hôpital dans lequel nous irons animer.

Cette période a été très dure pour ma famille et moi mais j’ai eu l’occasion d’observer le travail de chacun au sein de l’hôpital et cela m’a donné envie de découvrir cet univers. En effet, lorsque mon frère était à l’hôpital, je me suis rendue compte qu’il restait constamment dans sa chambre pour regarder la télévision. Il n’avait aucun contact avec les autres enfants présents et c’est dans ces moments là que je me suis dit qu’il faudrait des personnes extérieures pour les divertir afin qu’ils aient des moments de rencontre et d’échange.

Observer (pour comprendre et bientôt agir à OCA)

®    Observer :

Nous avons pu observer que, malgré les décorations murales de l’aire pédiatrique, l’hôpital reste l’hôpital et beaucoup d’enfants l’appréhendent. En effet, les enfants voient cela comme un lieu où les examens s’enchainent, où l’on est loin de sa famille et où l’on dort mal sur un lit trop dur, loin de tous repères et de tous les points d’attache.

De plus, lorsque l’on traverse les couloirs, on peut observer une différence entre les chambres des enfants atteints du cancer et l’aire pédiatrique qui reprend les enfants qui sont en décrochage scolaire, les enfants victimes du harcèlement scolaire, les enfants atteints de maladies aggravées (bronchites, angines…) et les lits de crises.

Enfin, c’est en discutant avec nos proches évoqués ci-dessus, que nous nous sommes vraiment rendues compte que l’hôpital est un lieu vraiment craint par les enfants, non pas à cause du personnel mais à cause de l’ambiance, des traitements…

C’est en grande partie pour cela que nous avons décidé de réagir ! Pour nous, il était impératif de mettre un peu de joie dans la vie de ces enfants.

®    Comprendre :

Nous nous sommes rendues au CHR (Centre Hospitalier Régional de Namur) dans l’aire pédiatrique afin de rencontrer le personnel scolaire et soignant. Ne sachant pas à qui s’adresser, cela a été très dur de se « faire entendre ». En effet, l’ambiance stressante et pressante de l’hôpital se fait ressentir et nous avons eu du mal à parler avec quelqu’un prêt à nous écouter et à nous aiguiller. Nous sommes finalement tombées sur un monsieur s’occupant des animations avec les enfants. Celui-ci nous a orienté vers Madame Kinet, institutrice du type 5 là-bas au CHR.

Très gentille, elle nous a directement accueillies et acceptées. Nous avons alors discuté avec elle du fonctionnement de l’hôpital et de l’école à l’hôpital. Cependant anxieuses quant au comportement à adopter face à ces enfants, nous avons d’abord demandé une journée d’observation le 12 mars 2019. Nous avons été très étonnées par le fait que le temps « d’école » ne dure qu’une heure mais nous avons également été agréablement surprises par les activités variées mais toutefois ciblées pour travailler l’estime de soi, la confiance, la coopération, l’expression de ses émotions…

 

®    Se former :

Pour nous former et être compétentes dans ce que l’on fait, nous nous sommes renseignées auprès du personnel de la ludothèque ici, à l’Henallux de Champion, afin de choisir nos jeux de manière pertinente et réfléchie mais aussi afin de trouver des jeux ciblés pour travailler la coopération et l’expression des émotions.

De plus, nous avons également été consulter des ouvrages à la bibliothèque sur le type 5, ce qui a été très enrichissant pour nous car nous avons pu nous préparer à cette rencontre et au public ciblé. Nous avons ainsi pu appréhender le comportement et le fonctionnement de ces enfants afin de pouvoir agir en conséquence.

Enfin, afin de nous construire une mallette personnelle de jeux de société, nous avons fait appel, sur les réseaux sociaux et en mettant des affiches à l’école, à la générosité des gens pour recueillir tous les jeux de société qu’ils n’utilisent plus ou dont ils veulent se débarrasser. C’est avec beaucoup d’étonnement que nous avons constaté la quantité de jeux reçus quasiment directement après avoir lancé notre « appel à l’aide ».

Agir

Nous sommes alors entrées dans le vif de notre projet. Le 14 mars, nous retournions à l’hôpital pour animer des activités de coopération. Nous avons proposé 3 jeux :

  • -      Un jeu de présentation avec une balle :

o   Nous donnions un thème (repas préféré, couleur préférée…) et nous nous faisions des passes, l’enfant qui reçoit la balle, dévoile une information sur lui selon le thème donné.

 

  • -      « Games » qui se réalise avec un jeu de cartes :

o   Les enfants se sont mis par équipe de deux. Secrètement, ils se concertent sur un signe secret à faire avec le haut de leur corps (chipoter à ses cheveux, se gratter le nez…). Au milieu de la table se trouve une pioche ainsi que 4 cartes étalées faces visibles. Les enfants doivent changer leurs cartes afin de former une série de 4 cartes identiques (4 rois…). Lorsque les cartes au milieu de la table ne les intéressent plus, celles-ci sont changées par quatre autres venant de la pioche. Une fois qu’un enfant avait une famille, il devait faire son signe secret à son coéquipier. Celui-ci devait alors dire « Games » et faisait alors gagner son équipe (il peut aussi crier « double games » s’il a lui aussi une série complète.

Si les membres de l’équipe adverse découvrent le signe secret de leurs adversaires, ils peuvent dire « contre games » et émettre leur hypothèse. S’ils ont raison, ils gagnent, si non, le jeu continue.

 

  • -      « Ne mangez pas la consigne », un jeu de la collection Cat’s Family.

o   Les enfants sont répartis en équipe de 2. Ce jeu est un jeu de cartes multi-règles autour des consignes basées sur l'écoute, la concentration, les repères spatiaux, le vocabulaire, la motricité et la mémoire.

Voici les différents jeux auxquels [B2] :

  • §  Qui a mangé la pizza ?

Il faut trouver le bon monstre d'après la description de 4 paramètres (serviette, yeux, couleur, dents).

 

  • §  Photos de famille et En scène :

On joue avec les 5 membres de la famille et les repères spatiaux (à gauche, à droite, entre...).

Selon des consignes précises, on doit replacer les monstres de la famille correctement. Cependant, ce jeu est rempli de subtilités qui compliquent parfois les choses. Cela ajoute du piquant, un vrai casse-tête !

 

  • §  Tous assis et Un peu de gymnastique :

Les enfants font de la motricité : il faut faire les gestes ou tenir une position selon la consigne.

 

Les titres en couleur sont les jeux réalisés avec les enfants.

Les activités se sont bien déroulées, mais il a été très dur pour nous de les faire « vivre ». En effet, les enfants sont très introvertis et ne sourient pas beaucoup pour certains. On s’est d’ailleurs demandé si ce que nous faisions leur faisait vraiment plaisir.

Finalement, lorsque nous sommes parties, les enfants étaient contents et nous ont remerciés pour les jeux et le temps que nous leur avons consacré.

Pour ce qui est de notre expérience personnelle, nous en sommes sorties contentes, enthousiastes et nous avons hâte de pouvoir y retourner !

Communiquer

Pour valoriser notre projet, nous avons créé une affiche.

Cependant, celle-ci n’est pas rédigée selon le critère d’une bonne affiche. Nous en avons donc créé une autre.

Pour ce qui est de partager notre expérience et valoriser le projet vécu, nous participerons aux portes ouvertes qui se dérouleront en juin.

Pratiquer l’analyse réflexive sur la cohérence du projet citoyen

Citoyen : qui fait preuve d’esprit civique.

Pour nous, être citoyen c’est penser aux autres et à leur bien-être. C’est également l’aider avec nos propres moyens. En tant que future enseignante, le bonheur et le bien-être des enfants est une de nos priorités et notre principale préoccupation. C’est pourquoi nous nous sommes orientées vers la pédiatrie.

En quoi rentre-t-il dans notre conception de la citoyenneté et est donc en accord avec le projet « étudiants citoyens » ?

Premièrement, notre vécu à chacune a fait qu’il nous a semblé naturel de s’orienter vers des enfants en difficultés. Nous avons donc pensé au milieu hospitalier. Cela a tout de suite pris encore plus de sens dans notre esprit lorsque nous nous sommes rendues pour la première fois à l’hôpital et que nous avons remarqué les conditions de vie des enfants. En effet, comme dit ci-dessus, non seulement nous avons observé une différence entre les aires pédiatriques : entre celle des enfants atteints du cancer qui est blanche et triste et la réelle aire pédiatrique qui est colorée, décorée… mais aussi, le fait que tous les enfants restent dans leur chambre. Le mot « école » n’attire que très peu d’enfants, ceux-ci préfèrent donc rester dans leur chambre, renfermés sur eux-mêmes et ne sont pas divertis. Cela nous a paru primordial que durant leur séjour à l’hôpital, les enfants restent en contact avec d’autres et puissent se changer les idées et « oublier » pendant quelques instants l’endroit où ils sont.

Deuxièmement, notre but était également d’utiliser les jeux de la ludothèque ici, à Champion. Cela a non seulement permis de faire un lien avec l’école et l’hôpital mais aussi cela a permis de promouvoir les jeux parfois oubliés de ce lieu.

Pour terminer, ce projet est un bénéfice pour notre future carrière. Tout au long de notre vie d’institutrice primaire, nous serons confrontées à différentes classes, composées de différents enfants ayant différents besoins. Ce projet nous a fait grandir et évoluer. C’est grâce à ce qu’il nous a appris que nous serons plus aptes à identifier les besoins de chacun, d’agir en fonction et mettre en place des outils pour pallier à cela. Cela est donc bénéfique pour les enfants et pour nous et il ne nous rendra que meilleures.

Pratiquer l’analyse réflexive sur le cheminement personnel global

Au début, nous avons rencontré plusieurs contraintes. La première : organiser notre temps entre l’école, les stages, le projet… n’a pas été une mince affaire. Ensuite, nous voulions aller au centre William Lennox mais, malgré plusieurs appels à divers moments de la journée, nous n’avons jamais réussi à avoir quelqu’un au bout du fil… Dommage !

Cependant, nous ne nous sommes pas laissé abattre et nous nous sommes directement concertées pour lister les autres établissements possibles, afin de réaliser notre projet. Nous nous sommes alors orientées vers le CHR car Bridget y avait déjà fait une demande de stage. Elle était donc au courant des services qu’offrait l’hôpital. Nous nous sommes alors rendues sur place début mars et, comme nous le disions ci-dessus, Madame Kinet, l’institutrice du type 5 au centre hospitalier, nous a directement acceptées.

Après cette aventure, que nous continuerons sûrement à la fin de l’année, je pense que nous avons acquis des compétences humaines. Certes, nous en acquerrons dans notre vie quotidienne, lorsque nous allons en stage… mais lorsque nous sommes face à un public en difficulté, qui a besoin de renforcement positif, qu’on soit à l’écoute, qu’on les divertisse… Lorsqu’on est face à des enfants obligés de vivre, à court ou à long terme dans un environnement tel que celui de l’hôpital, on prend conscience de nombreuses choses. Je dirais donc qu’on a acquis des compétences transversales relationnelles car on a appris à communiquer autrement face à un public ayant des besoins différents, écouter autrement des enfants rencontrant des difficultés et qui ont du mal à les exprimer, agir autrement de manière à construire un climat de confiance et de respect face à des enfants qui ne se laissent que difficilement « amadouer » et qui éprouvent des difficultés à faire confiance. En effet, nous en sommes sorties touchées et beaucoup plus humaines.

Enfin, ce qui est touchant, c’est que lorsque nous parlons de notre projet à notre entourage, aux étudiants de la haute école et aux professeurs, on voit que le projet les touche. Nous avons eu beaucoup de réactions positives : « Oh ! C’est trop chouette ! », « Si j’avais su… j’aurais aimé le faire avec vous »… Du coup, nous en avons beaucoup discuté et nous aimerions, si nous prolongeons le projet l’année prochaine, former d’autres étudiants primaires et préscolaires afin d’agrandir notre équipe et agir à plus grande échelle.